La manière dont une société organise son système de retraite indique de facto la manière dont elle considère sa relation au travail mais également sa conception de la solidarité nationale.
Aujourd’hui, de très nombreuses personnes retraitées consacrent beaucoup de leur temps libéré à des activités bénévoles pour faire en sorte qu’il y ait plus de solidarité et d’égalité au sein de notre pays. Les enquêtes sur le bénévolat associatif le montrent régulièrement. La pandémie ayant déjà impacté le bénévolat des personnes de plus de 50 ans, nous souhaitons attirer l’attention du plus grand nombre sur l’impact très négatif qu’aurait une retraite à 64 ans, et, de fait, bien au-delà, pour beaucoup de nos concitoyen·nes, sur l’engagement bénévole. Cette réforme aurait de graves conséquences sur le rôle des associations qui participent au développement des territoires, à la lutte contre l’isolement, à l’éducation de toutes et tous... et à l’intérêt général.
Par ailleurs, cette réforme ne prend pas suffisamment en compte, voire nie, le lien éducatif entre les grands- parents et leurs petits-enfants. Les familles ne pourront plus autant compter sur leur appui en cas de besoin. Elle ne prend pas en compte non-plus le temps qu’une personne passe à accompagner ses parents. Ces actions participent pourtant pleinement à la solidarité nationale.
De plus, cette réforme ne propose pas de solutions à un problème important d’égalité des animateurs et animatrices volontaires, par rapport au reste de la population. Ces volontaires qui ont encadré de nombreux séjours de vacances dans leur jeunesse peuvent avoir cumulé plus de 2 ans d’activités en « colos » et ne sont, pour autant, pas sûr d’avoir validé ne serait-ce qu’un seul trimestre pour leur retraite. Est-ce que le gouvernement considère que cette activité n’est pas du travail et ne participe pas à l’éducation de notre jeunesse ainsi qu’à à la solidarité nationale ?
Une étude de l’IFOP de 2020 a montré que les associations sont parmi les principaux acteurs du bien-être des Français et des Françaises sur les territoires. C’est pourquoi, au-delà du fait que reculer l’âge du départ à la retraite participe à faire diminuer le temps bénévole dans sa globalité, une réforme des retraites digne de ce nom devrait prendre en compte, d’une manière ou d’une autre, ce temps de bénévolat dans le calcul des droits individuels à la retraite.
Pour finir nous dénonçons la conception du travail qui sous-tend cette réforme. Nous ne concevons pas uniquement le travail d’un point de vue quantitatif : le temps ne peut, en aucun cas, être le seul critère dans ce domaine, au risque de basculer dans une conception mécanique et impersonnelle de l’humain.
Au total, nous souhaitons une réforme des retraites qui prendrait en compte l’ensemble des temps que consacre une personne à la solidarité nationale, que ce temps soit salarié, indemnisé, ou bénévole et nous demandons que le temps de travail ne soit pas seulement calculé sur une durée arbitraire. Nous avons conscience que la solution à trouver n’est pas simple, mais nous sommes convaincus que nos fonctionnaires ont été formés pour trouver des solutions justes, égalitaires et fraternelles pour garantir le vivre ensemble de toutes et tous.
Les Ceméa s’associent donc pleinement à la prise de position d’Hexopée, dont ils sont membres, qui dénonce l’allongement injuste de la durée du travail jusqu’à 64 ans qui n’est ni souhaitable, ni tenable pour les milliers de salariés des métiers de l’animation socio-éducative. Ils demandent le retrait de cette réforme et l’ouverture d’un cycle de négociation avec les partenaires sociaux pour une réforme plus juste et plus solidaire.
Paris, le 7 février 2023
Contact presse
Jean-Baptiste CLERICO - Directeur Général des Ceméa France
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