Communiqué de presse
Dans le cadre d'un rapport sur la prévention de la délinquance juvénile remis au président de la République, M. Jean-Marie Bockel, ex-secrétaire d'Etat à la justice, préconise à nouveau un "repérage précoce" des troubles du comportement chez l'enfant, indiquant que cette "vulnérabilité pourrait être repérée chez les petits entre 2 et 3 ans", en faisant référence à un projet d'avis du Conseil économique et social de février 2010 favorable à "un dépistage plus précoce des troubles mentaux des enfants et adolescents".
Ainsi la préconisation du dépistage des enfants turbulents dès la crèche, au prétexte de prévenir la délinquance, revient dans l'actualité, dans le droit fil des amalgames faits depuis l'été dernier de la réaffirmation d'une politique sécuritaire et de la stigmatisation de certaines populations ou catégories sociales.
Les CEMÉA en 2006 ont rejoint dès le début le collectif "Pas de 0 de Conduite" qui s'est constitué suite au rapport de l'Inserm qui énonçait ce même type de préconisation. Face à la réaction forte et massive des 200 000 signataires de la pétition, le collectif a obtenu le retrait de ce projet de loi qui laissait à penser des liens possibles entre difficultés de comportement des jeunes enfants et évolution vers la délinquance. Liens dénoncés par une grande majorité de professionnels et confirmés par le Comité Consultatif National d'éthique dans un avis de janvier 2007.
À nouveau cet amalgame revient et confond prévention et prédiction. Tous les professionnels du soin comme de l'éducation qui appuient leurs pratiques sur l'observation attentive du développement des jeunes enfants et se départissent d'une lecture idéologique des comportements, savent les grandes possibilités d'évolution des enfants. Sans nier les souffrances réelles et les comportements perturbés de certains enfants, qui eux demandent attention et réponses bienveillantes qualifiées, rien ne peut justifier de relier une délinquance future avec un comportement dans le très jeune âge et à l'adolescence.
Les CEMÉA dénoncent ce dérapage qui a pour seul but de servir un projet politique basé sur la peur de l'autre et se joint à nouveau au collectif "Pas de 0 de Conduite" pour demander l'abandon d'un tel projet.
Dominique BESNARD
Paris, le 16 novembre 2010
www.pasde0deconduite.org
contact@pasde0deconduite.org
sante.mentale@cemea.asso.fr