« Ne laissez pas entrer le danger chez vous ».
Ainsi se conclut un spot TV visant à prévenir les parents et les familles du danger que courent les enfants lorsqu’ils surfent sur le Web. Cette pub, qu'ont diffusée les chaînes de télévision françaises, met en scène une mère de famille qui laisse pénétrer chez elle skinheads, travestis, robot destructeur avant de confier sa fille à un vieil homme pervers. En guise de parade, il appelle les parents à activer le contrôle parental.
Vous avez sûrement vu cette campagne publicitaire lancée en novembre dernier par le Secrétariat d’Etat à la Famille
Cette campagne a pour objectif d'alerter la population sur les dangers potentiels d’Internet. Mon propos n'est pas de nier qu'Internet présente de nombreuses pratiques à risque mais faut-il pour autant stigmatiser les utilisateurs d'Internet et les jeunes ? Une éducation aux médias n'est-elle pas possible ?
Les adultes - utilisateurs d'Internet - ne sont-ils que des néo-nazis, des pornographes, des adeptes de jeux violents et surtout des pédophiles ? Quelle(s) réaction(s) le Secrétariat d'Etat à la famille attend-il des parents très éloignés de ce "nouveau" média ?
Mettre un ordinateur connecté à Internet entre les mains d'un enfant ou d'un adolescent, c'est dangereux !
La voie de la protection est choisie au détriment de celle de l'éducation
De plus, parallèlement à cette campagne publicitaire, le Secrétariat d’Etat à la famille distribue dans les établissements scolaires une plaquette* de prévention imprimée à 4,5 millions d’exemplaires. Plaquette sur laquelle on peut lire que « 90 % des enfants ont été confrontés au moins une fois à des contenus choquants, violents ou à caractère pornographique sur Internet, qu'entre 2 et 3% des joueurs de jeux en ligne présentent des comportements d'addiction, c'est-à-dire de rupture durable et profonde avec l'environnement familial et social », ou qu'entre « 75 et 85% des contenus inadaptés pour les adolescents (pornographie, jeux d'argent, violence...) sont filtrés par les logiciels de contrôle parental ».
La population du net est semblable à la population en général
Que faisons-nous des pratiques positives ? Nous, adultes pourrions-nous nous passer d'Internet ? Ne sommes-nous pas parmi ces adultes qui surfent régulièrement, sommes-nous dangereux ?
Un rapport, disponible en téléchargement gratuit (en anglais), vient confirmer ce que la plupart d’entre nous savait déjà : la population du net est semblable à la population en général. Il y a une majorité de gens normaux. Évidemment, sur le net il y a des pédophiles, comme il y en a dans le monde réel.
Il est donc nécessaire de prendre des précautions. Il faut apprendre aux enfants à ne pas parler avec des inconnus, ni accepter leurs cadeaux, ni partir avec eux, autant dans le monde physique que sur le net. Mais il ne faut pas sombrer dans la paranoïa et informer et éduquer : enfants, adolescents, adultes et éducateurs au sens large.
S'il fallait vous convaincre de la tendance sécuritaire...
S'il fallait vous convaincre, voici les propos de Frédéric Lefebvre, le porte -parole de l'UMP et député des Hauts-de-Seine, lors de la première séance à l'Assemblée Nationale le 15 décembre 2008.
« L’absence de régulation du Net provoque chaque jour des victimes ! Combien faudra-t-il de jeunes filles violées pour que les autorités réagissent ? Combien faudra-t-il de morts suite à l’absorption de faux médicaments ? Combien faudra-t-il d’adolescents manipulés ? Combien faudra-t-il de bombes artisanales explosant aux quatre coins du monde ? Combien faudra-t-il de créateurs ruinés par le pillage de leurs œuvres ? Il est temps, mes chers collègues, que se réunisse un G20 du Net qui décide de réguler ce mode de communication moderne envahi par toutes les mafias du monde. […] La mafia s’est toujours développée là ou l’État était absent ; de même, les trafiquants d’armes, de médicaments ou d’objets volés et les proxénètes ont trouvé refuge sur Internet, et les psychopathes, les violeurs, les racistes et les voleurs y ont fait leur nid. »
Je pense qu'il est urgent que les Ceméa, au travers de formations et/ou de rencontres avec les parents, proposent des alternatives à ce discours empli de méfiance et se prononcent pour une véritable éducation aux médias, seule réponse efficace aux dangers d'Internet.