Pour les CEMEA, la mobilité à l’étranger est une étape intéressante pour le développement professionnel et personnel. À la demande de chefs d'établissements scolaires, le pôle Europe et International a monté un séminaire pour des enseignant·e·s afin de les outiller à la gestion de projets européens et à l'organisation d'une mobilité pour leurs élèves. Immersion au sein d’une formation de gestion de projets européens.
Un séminaire, qu’est-ce que c’est ? Par définition, c'est une réunion de groupe dans un but d’enseignement. Mais est-ce différent aux CEMEA ?
Le séminaire a eu lieu à Lisbonne durant les vacances scolaires de février 2020. Les participant·e·s ont vécu une mobilité dont l'objet de travail oscillait entre la gestion et le développement de projets, la découverte de la ville, la formation à l'animation linguistique et interculturelle et des échanges avec des acteurs locaux. L'objectif était de les accompagner à développer des outils utiles et nécessaires à la mise en place d’une stratégie de mobilité européenne pour leur établissement afin de prochainement répondre aux appels à projet Erasmus+.
Ce séminaire a été préparé et animé par Rachel Pellizarri, chargée de mission secteur École & Pôle Europe et International des Ceméa de Lille; Caroline Bollati, chargée de projet des mobilités de l’association Dock Europe et permanente pédagogique pour l’OFAJ et Morgane Masterman, animatrice linguiste et interculturelle certifiée par l’OFAJ, fondatrice de l’association Faisca Voadora. Les enseignant·e·s ont vécu une mobilité européenne pour ensuite se projeter dans l'organisation de mobilité pour leurs élèves de lycée professionnel.
Chacun·e était venu·e avec des demandes particulières, des doutes et des appréhensions. Les formatrices ont proposé de les formuler sur des post it, ensuite apposés et organisés sur un mur. Tous·tes avaient évidemment des questions sur la conception d’un projet Erasmus+ avec le désir de monter en compétences. Une partie formulait des doutes sur ses capacités linguistiques, sa maîtrise de la sémantique, a exprimé sa volonté de sortir de sa zone de confort et de découvrir le territoire. Tandis que l'autre partie s'interrogeait sur la charge administrative liée aux projets Erasmus+, les limites de sa responsabilité, la manière de trouver des partenaires, de sensibiliser les parents aux enjeux d'une mobilité, et sur les moyens de lever les freins à la mobilité.
Un séminaire sur la mobilité à Lisbonne, c'est quoi ?
Partir en séminaire à l’étranger c'est avant tout vivre une mobilité afin d’en appréhender les enjeux mais aussi se rendre compte des freins que peuvent avoir les jeunes et développer de l’empathie face à leurs difficultés. Vivre des animations linguistiques et interculturelles pour ensuite les proposer à son public élève, permet de lever ses propres freins.
Les CEMEA NPDC ont réalisé ce séminaire grâce à leur réseau international et à leur partenariat avec des associations locales. Jose Soares et Erica Cacioppolini du Clube Intercultural Europeu nous ont accueillis dans leurs locaux, ont organisé les visites des structures jeunesse (lycées professionnels et écoles primaires). Grâce à leur connaissance du territoire, ils ont favorisé notre immersion.
Développement de projets européens
Plusieurs fois durant la semaine, des ateliers ont permis de se concentrer sur la gestion de projets européens. Lors d'un premier atelier, les enseignants ont découvert l'utilité et le contenu d'un plan de développement européen pour ensuite construire en équipe celui de leur établissement. Un autre atelier a permis d'élargir leurs connaissances des dispositifs Erasmus+ et de découvrir les programmes de l'OFAJ, un World Café a permis des échanges plus personnels. Un troisième atelier portait sur la dimension partenariale des projets de mobilité des apprenants et des personnels. Le dernier atelier proposait de travailler sur les étapes d'une mobilité, depuis sa préparation jusqu'à son exploitation au retour en passant par la phase de mobilité à l'étranger. Ces ateliers ont confirmé la nécessité d'établir une stratégie européenne au sein de chaque établissement.
Rallye-photo
Afin de rentrer directement dans le vif du sujet, un rallye photo a été proposé dans plusieurs des quartiers de Lisbonne : Bairro Alto e Chiado, Alfama e Mouraria, Baixia e Santos, Graça e Intendente. Par groupe, il fallait découvrir un quartier et réaliser plusieurs missions. Parmi elles se trouvaient des missions à photographier et à filmer et des informations à collecter. À la fin de ce rallye, chaque groupe devait partager ses découvertes avec les autres à l’aide d'une « Carte Parlante ». Cette restitution de 3min incitait à être créatif : dessins, collages, mimes afin d'être interactif et ludique.
Nous avons pu suivre un groupe et nous vous invitons à découvrir leur périple.
Cette activité permet de partir à la découverte de la ville, d'aller à la rencontre et de communiquer avec des habitants, d'apprendre sur soi et sur les autres, de pudiquement lever ses freins linguistiques donc de gagner en confiance en soi. Une fois encore, vivre cette expérience, c'est de se mettre en situation pour comprendre ce à quoi les élèves seront confrontés.
Visite des structures jeunesse
Afin d'ouvrir les horizons, nos partenaires du Clube ont organisé des visites d'établissements scolaires. Nos enseignants·e·s ont découvert la vie de l'établissement, son fonctionnement, mais aussi la façon d'enseigner, les contenus des programmes et des examens, la posture des enseignant·e·s et leur engagement européen. Durant les moments conviviaux, les discussions ont naturellement dévié vers un possible échange entre les établissements portugais et français.
Une fois les visites finies, place à la restitution. En binôme, les enseignant·e·s ont retranscrit ce qu'ils.elles ont retenu et appris de ces visites. Une seule contrainte : ne pas écrire de phrases. Grâce à une formation sur les techniques de visualisation animée par Caroline, nos duos ont conçu des affiches pour présenter l'établissement visité.
Les animations linguistiques et interculturelles
Concernant les animations linguistiques et interculturelles, ce sont Morgane et Caroline qui ont pris le relais sur le programme avec différentes activités. Elles sont intervenues pour proposer aux enseignant·e·s de vivre des animations pour après, ensemble, les didactiser. Elles ont ensuite accompagné les enseignant·e·s à construire leur propre animation, inspirée des techniques préalablement vécues, analysées et testées sur leurs collègues.
Impossible de passer à côté d'animations linguistiques lors d'une mobilité. Elles permettent l'apprentissage facile et rapide de vocabulaire, de structures de phrases tout en s'amusant. Elles facilitent la cohésion et l'entente du groupe et mettent en confiance les participant·e·s : il est rapidement possible de se comprendre et de communiquer.
Imaginez une animation linguistique avec des personnes parlant des langues différentes, l'activité devient multilingue : chacun·e en sort plus riche.
Bilan de ce séminaire
Le rythme a été soutenu mais bien réparti entre les différentes activités du programme. Nous avons profité de la dernière matinée pour faire le point sur les apports de la semaine. Le bilan s'est déroulé en trois parties.
La première était basée sur un jeu de société : le Dixit. Chacun·e a sélectionné une des cartes de jeu disposées face au groupe. La carte sélectionnée nous a "appelés", c'est une carte qui nous a parlé, qui a résonné en nous car elle a évoqué ce que le séminaire nous a apporté. Puis, tout le monde s'est rassemblé en cercle et à tour de rôle, a invoqué la raison qui l'a poussé·e à prendre cette carte. La fatigue s'est fait sentir et les nerfs ont lâché. Entre pleurs et rires, le tour s'est terminé et a fait place à la deuxième activité.
Cette deuxième activité s'est concentrée sur ce qui a été observé pendant le séminaire d'un point de vue personnel. Sur des petits poissons verts, blancs et oranges, nous avons été invités à écrire ce que nous "digérons", "gardons pour plus tard" ou "jetons". Nous avons alors parlé de notre ressenti, de ce que nous avons apprécié et de ce qui nous à déçu... mais aussi du chemin personnel parcouru et de ce que nous avons appris.
La troisième et dernière activité, plus personnelle. Nous nous sommes écrit une carte postale qui plus tard nous sera envoyée. Quoi de plus personnel que de redécouvrir son état d'esprit du moment trois mois plus tard !
Cette mobilité a énormément apporté à chacun d'entre-nous. Le séminaire aura permis de se découvrir, de se rendre compte qu'il est toujours possible de se remettre en question, d'évoluer et de développer de nouvelles compétences tant personnelles que linguistiques ou pédagogiques. Une mobilité à l'étranger est essentielle pour son développement personnel et professionnel.